Quel rôle pour le registre ? L’exemple de ShortDot
La gestion des noms de domaine n’est pas un monopole. La coexistence de différents acteurs, les registres, chacun étant en charge d’un certain nombre d’extensions, permet aux utilisateurs d’avoir davantage de choix, mais exige aussi un travail de communication et de différenciation de la part de ces registres. ShortDot est celui qui administre des extensions de niche comme .bond, .icu, .cyou, .cfd, .sbs. Eshan Pancholi, Vice President, Marketing de ShortDot SA nous explique le rôle du registre pour promouvoir les gTLD (extensions génériques) et construire des communautés autour de ces outils.
Pour créer ces identités numériques, il faut en identifier le besoin, activer des relais pour la faire connaître et répondre aux besoins des utilisateurs pour que ce sentiment d’appartenance à une communauté serve leur activité et contribue à définir leur présence en ligne.
Comment déterminer le besoin d’une nouvelle extension ?
Eshan Pancholi : Le processus de détermination du succès d’une nouvelle extension de domaine commence par l’identification d’une lacune sur le marché. Par exemple, .icu (I See You) a été lancé pour toucher un public plus jeune et plus au fait des codes de l’internet, en offrant une nouvelle alternative aux extensions traditionnelles. De même, .bond s’adresse au secteur financier, .cyou à la génération Z, .cfd (Clothing, Fashion, Design) à l’industrie de la mode, et .sbs (Side by Side) aux initiatives communautaires et collaboratives. Les analyses de marché, les études sur le comportement des consommateurs et les prévisions de tendances ont joué un rôle crucial dans l’évaluation du potentiel de ces TLD. L’essentiel était d’identifier des niches non seulement rentables, mais aussi viables à long terme.
Comment décide-t-on d’ajouter une nouvelle extension au catalogue d’un registre ?
EP : Le parcours d’une nouvelle extension de domaine commence par l’évaluation de sa viabilité. La dynamique actuelle du marché, les tendances et les besoins des consommateurs sont des facteurs essentiels. C’est un peu comme dévoiler un nouveau personnage dans une grande pièce de théâtre, où chaque extension doit avoir une personnalité distincte, en résonance avec le public auquel elle est destinée. Par exemple, le changement de marque d’un domaine comme .icu pour représenter « I See You » a transformé sa connotation médicale (ce sigle peut signifier « Intensive Care Unit » NDLR) en une phrase positive et motivante. Il s’agit de créer un domaine qui n’est pas simplement un ensemble de lettres, mais une déclaration d’identité et d’objectif.
De quels leviers dispose le registre pour promouvoir cette nouvelle extension ?
EP : Lancer un nouveau domaine de premier niveau revient à présenter un nouveau personnage sur la scène internationale. Il nécessite des partenariats stratégiques et un marketing innovant. Il est essentiel de travailler avec les bureaux d’enregistrement, car ils constituent le lien direct avec les utilisateurs finaux. Il est essentiel de leur fournir des outils de marketing pertinents et d’encourager leur participation active. L’une des campagnes de marketing ciblées les plus marquantes a été l’occupation de Times Square par des bannières numériques, en collaboration avec des bureaux d’enregistrement partenaires. C’est une manière de dire : « Nous sommes là, et notre présence compte ».
En quoi ces efforts profitent-ils à l’utilisateur ?
EP : Au-delà du marketing, il s’agit de créer des communautés. Un TLD n’est pas seulement une adresse numérique, c’est un signe d’appartenance. Le succès d’un TLD dépend en grande partie de la communauté qu’il crée. Pour le .icu, la création d’une communauté impliquait de s’engager auprès de jeunes entrepreneurs et de créatifs dans le monde entier. En revanche, le .bond s’est attaché à établir une forte présence dans les communautés de la finance et de l’investissement. Le .cyou s’est appuyé sur les plateformes de médias sociaux pour toucher un public plus jeune et créer une communauté dynamique et interactive. .cfd et ‘.sbs’ ont abordé la création de communautés en collaborant avec des blogueurs et blogueuses mode et des petites entreprises, en leur fournissant des outils pour développer leur identité en ligne
L’évolution de l’environnement numérique contribue-t-elle à faire évoluer l’offre et la manière de promouvoir de nouvelles extensions ?
EP : La synergie entre les médias sociaux et le marketing d’influence a propulsé de nouvelles extensions de domaine comme .cfd et .icu sur le devant de la scène. Ces nouvelles plateformes sociales ont permis aux registres de cibler des publics spécifiques de manière précise et efficace. Pour le .cfd, une extension conçue pour l’industrie de la mode et du design, l’appel à des figures telles que Lee Dahlberg et Mauve a été déterminante. Ces personnalités du monde de la mode utilisent l’extension .cfd pour leur portfolio en ligne, ce qui constitue un soutien de poids pour le domaine. Leur influence s’étend au-delà de leur utilisation personnelle ; ils défendent activement le domaine .cfd au sein de la communauté de la mode, en particulier auprès d’un public plus jeune, centré sur la mode. Cette promotion a renforcé la visibilité du domaine et consolidé son lien avec le secteur de la mode et du design. De même, .icu, une extension visant à toucher les jeunes entrepreneurs et les créatifs, a bénéficié de manière significative d’influenceurs tels que MJ Gordon et Amelie. Ces jeunes entrepreneuses utilisent les extensions .icu pour leurs projets et les promeuvent activement sur les réseaux sociaux. Leur soutien a permis de touché un public connecté, jeune et dynamique, ce qui a grandement contribué à renforcer sa présence dans le paysage des noms de domaine.
Le travail d’un registre ne se résume donc pas aux domaines qu’il gère, mais concerne aussi les communautés qu’il alimente et les identités qu’il contribue à forger. Du rebranding stratégique aux campagnes de marketing innovantes, le travail d’un registre est à la fois créatif et stratégique et visant à s’évertue à valoriser des produits pour les bureaux d’enregistrement et les utilisateurs. Un nom de domaine est plus qu’une adresse web ; c’est une part importante de l’identité numérique d’une personne et un moyen de communiquer en toute autonomie avec le monde entier.
Eshan Pancholi est Vice-président chargé du marketing pour ShortDot SA, le registre détenant et gérant les nouvelles extensions telles que .icu, .bond, .cyou, .cfd, and .sbs. Eshan compte également parmi les fondateurs de WebUnited et gère le marketing de NameBlock.