C’est quoi, un nom de domaine Premium ?
Depuis un peu plus d’un an, près de 900 nouvelles extensions de noms de domaine (TLD) sont venues s’ajouter aux extensions existantes (.COM, .FR, .NET, …).
Ces nouvelles extensions permettent d’accroître le nombre de domaines disponibles et rendent ainsi possible l’obtention d’un nom de domaine déjà enregistré dans une autre extension, voire l’adaptation de son nom de domaine à son activité grâce aux extensions thématiques, telles que le .BAR, le .ARCHI ou le .IMMO, pour ne citer que celles-ci.
Or, depuis l’arrivée de ces nouveaux TLDs, il est courant de constater des différences de prix substantielles sur une même extension.
En cause, l’utilisation par les registres du mécanisme dit « Premium », à savoir l’application d’un tarif plus élevé à une liste de noms de domaine ayant la particularité d’être facilement mémorisables, souvent très génériques et par conséquent très intéressants en termes de référencement dans les moteurs de recherche.
Nés de la volonté des registres de tirer bénéfice de ces domaines à fort potentiels, les tarifs des Premiums dissuadent également les domainers de les enregistrer pour spéculer sur le second marché. Les domaines achetés à des fins de spéculation étant généralement redirigés vers une page parking en attendant la revente, les registres voient dans la tarification Premium une garantie supplémentaire de l’utilisation réelle du domaine par son acheteur, ce qui favorise la visibilité de l’extension auprès du grand public (comme par exemple le .XYZ devenu célèbre suite à l’enregistrement par Google du domaine abc.xyz).
Le terme ‘romance‘, par exemple, associé à l’extension .BET est commercialisé au tarif standard de cette extension, soit un peu plus de 17 euros par an, le registre de l’extension dédiée aux jeux d’argent n’y voyant pas un intérêt particulier. Le registre du .ONLINE, en revanche, estime que le domaine romance.online présente un potentiel non négligeable et ce domaine est donc disponible à l’enregistrement au tarif (non négligeable lui aussi) de 1688 euros pour un an.
L’attrait de ces domaines réside dans leur haute valeur publicitaire et ils sont aux noms de domaine ce que les mots-clefs génériques sont aux moteurs de recherche : un vecteur puissant permettant d’accroître la visibilité de son site auprès des internautes grâce à leur généralité ou à leur association.
Qu’ils soient génériques ou qu’ils visent un secteur niche, les registres établissent leur liste de noms Premium parmi ceux qui semblent les plus « bankables », et en fixent les tarifs de manière discrétionnaire et arbitraire.
Si certains Premiums sont des termes courts composés d’une ou deux lettres, d’autres sont constitués de termes très génériques qui ont un lien avec l’activité ciblée par le domaine. Il en va de noms tels que l’alléchant englishmuffins.cooking, le très festif munich.beer ou encore le domaine royals.london aux allures princières.
Les Premiums ne connaissent pas de limitation, tant au niveau des termes qu’au niveau du nombre de domaines, et chaque registre peut définir un modèle de commercialisation qui lui est propre. Certains registres proposent ainsi un tarif unique pour l’ensemble des noms Premium, quand d’autres ont une grille de tarifs évoluant en fonction de l’attractivité présumée du domaine. Il en va de même pour le renouvellement, qui en fonction du registre, pourra s’effectuera au tarif standard de l’extension ou à un tarif Premium.
Si la plupart des noms de domaine Premium sont ouverts à tous, certains registres fixent des critères d’éligibilité, allant jusqu’à conditionner l’attribution du nom de domaine au dépôt d’un dossier explicatif, business-plan à l’appui, afin d’étayer les motivations et les objectifs de l’usage du nom de domaine concerné.
Ces listes de Premiums ne sont évidemment pas publiques et vous tomberez probablement sur des Premiums si vous faites régulièrement des recherches de noms de domaine à fort potentiel marketing (ils sont marqués d’une étoile dans les listes des résultats lorsque vous effectuez une recherche sur Gandi).
La bonne nouvelle, c’est que Premium ne signifie pas forcément hors de prix : de nombreux domaines Premium à moins de 100 euros sont encore disponibles (mais peut-être pas pour longtemps après cet article), tels que mutuelle.guide, sql.cafe ou pop.services.
Enfin, si vous êtes une PME qui souhaite enregistrer un nom de domaine et que votre dénomination sociale n’est pas celle d’un acteur connu dans le secteur d’activité visé par l’extension, il y a fort à parier que le domaine que vous sélectionnerez ne sera pas un Premium (serrurier-alphonse.sarl par exemple).
Ne pas confondre termes « Premiums » et « réservés »:
En parallèle, les Registres peuvent réaliser une liste de termes réservés dont il est parfois possible de solliciter l’enregistrement auprès d’eux. Sur ces listes de termes réservés apparaîtront des termes litigieux dont le Registre préfère éviter l’enregistrement.
Le registre du .SUCKS a par exemple protégé le nom de son CEO, Rob Hall qui ne peut pas être enregistré, pas plus que son seul prénom, Rob.
Les termes religieux, pornographiques ou relevant du champ sémantique du jeu en ligne peuvent être considérés comme Premiums par certains Registres et réservés pour d’autres, le seul moyen de le savoir étant d’effectuer une recherche.
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