Nouvelles extensions, où en est-on ?
Les nouvelles extensions (nTLDs) ont été lancées en octobre 2013. Moins de 3 ans après ce lancement, plus de 1000 nouvelles extensions ont été déléguées, 999 étant actives.
Bien que cela agrandisse considérablement l’espace de nommage et le choix pour les internautes désireux d’enregistrer un nom de domaine, ce chiffre peut aussi effrayer les titulaires de droits de propriété intellectuelle et notamment les titulaires de marques qui peuvent y voir une difficulté supplémentaire, voire une menace, dans la gestion de leur portefeuille de domaines, d’autant que l’enregistrement d’un terme ou d’un produit dans toutes les extensions n’est plus envisageable en termes budgétaires.
Il est tout de même vivement recommandé « d’occuper le terrain » lorsque l’extension est en rapport avec l’activité ou le service proposé, et cela exige d’être correctement informé sur les nouvelles extensions, et sur les calendriers de lancement de chaque extension.
Nous vous proposons ici un tour d’horizon des nouvelles extensions, quelques chiffres et surtout les bonnes pratiques à adopter.
Un cap franchi en 2016
Les mois de mai et juin 2016 ont connu 2 chiffres marquants. Le 1000ème nTLD a été ouvert en mai, et le cap des 20 millions de domaines enregistrés sous une nouvelle extension a été dépassé en ce début du mois de juin (notamment en raison des fortes promotions disponibles sur l’extension .XYZ). A titre de comparaison, ce chiffre était de 11 millions au mois de janvier.
A ce jour, un peu plus de 126 millions de noms de domaine sont enregistrés en nom de domaine .COM. Si la comparaison avec le .COM n’est pas des plus pertinentes étant donné la popularité de cette extension, voici quelques chiffres de mars 2016 qui vous aideront à vous faire une idée des volumes en jeu :
.NET = 16,2 millions de domaines
.CN = 18,6 millions de domaines (première extension nationale)
.FR = 2,9 millions de domaines
.RU = 5,1 millions de domaines
.PE = 90 000 domaines
C’est donc officiel, il y a désormais plus de domaines enregistrés sous une nouvelle extension qu’il n’y en a sous le .NET ou sous le .DE, ce qui est symboliquement fort.
Autre comparaison qui devrait attirer votre attention, il y a aujourd’hui plus de domaines sous l’extension .XYZ (6 millions) que sous les extensions .INFO (5.6 millions), .RU ou encore .FR. C’est la première fois qu’une extension générique classique et des extensions nationales importantes passent derrière une nouvelle extension.
Une veille nécessaire
Oui, pour le moment, les nouvelles extensions ne sont pas suffisamment connus du grand public. Tous les professionnels du secteur peuvent s’en rendre compte en discutant de leur travail avec leurs proches. Mais il est évident que le besoin de nouvelles extensions sera de plus en plus important dans un avenir proche, notamment en raison du développement de l’internet des objets (qui devrait à terme permettre d’attribuer un nom de domaine aux objets connectés), du développement de l’IP v6 ou plus généralement du besoin croissant de services en lignes et de la raréfaction de l’inventaire disponible dans les extensions classiques comme le .COM
Ces dernières années, lorsque vous souhaitiez créer et protéger un terme sur internet (que ce soit une marque, une dénomination sociale, un produit ou un service), vous tentiez de couvrir le terrain en fonction des pays dans lesquels vous trouviez un intérêt (par exemple, présence de filiales ou de distributeurs). En général, vous pensiez également à protéger le terme dans les extensions classiques (en .COM, .NET, voire .ORG, .INFO, .BIZ).
Désormais, il devient nécessaire de raisonner et d’adapter sa stratégie en fonction de votre activité elle-même, ce qui n’était pas possible jusqu’à présent ! C’est l’intérêt majeur des nouvelles extensions qui ouvrent considérablement les possibilités en terme de marketing et de communication, mais qui imposent également une protection minimum de votre marque ou produit dans l’extension qui correspond à votre activité. C’est une stratégie qui s’inscrit dans le long terme car il existe, certes, des dispositifs qui permettent de faire cesser l’usage illégitime d’un domaine (UDRP, USR), mais ces procédures sont encore longues, onéreuses et bien souvent l’atteinte à vos droits de propriété intellectuelle est déjà commise (faux emails adressés à vos clients, sites web vendant de la contrefaçon).
Début 2015, il a été constaté que le nombre de plaintes UDRP pour des domaines utilisant des nouvelles extensions étaient 15 fois supérieur au nombre de plaintes pour des domaines utilisant des extensions classiques. Ce qui tend à prouver que le cybersquatting sur ces extensions est bien présent et que les atteintes aux droits de propriété intellectuels sont sérieuses.
Et ces atteintes semblent provenir en grande partie du territoire chinois. Sedo.com, l’une des principales places de marché pour la vente et l’achat de domaine, estimait que 54% des domaine en nouvelles extensions étaient enregistrés par des titulaires chinois, pays très gourmand en noms de domaine, mais où l’on trouve aussi la majorité des cas de cybersquatting.
Il n’y a pas de meilleure protection que l’enregistrement défensif pour se prémunir des cas de cybersquatting. C’est pourquoi nous vous invitons à consulter régulièrement notre site pour vous assurer de ne manquer aucune extension « essentielle » à votre activité.
De grandes marques qui ouvrent la voie
Beaucoup d’entre vous l’ont très vraisemblablement lu, CANON vient de rediriger son site canon.com vers global.canon. C’est un tournant important dans la vie des nouvelles extensions, spécialement pour les .CORP (également appelé .BRAND ou .MARQUES, ces extensions qui correspondent à des marques ou des sociétés). Ce qui nous intéresse ici, c’est la raison avancée par Canon pour lancer son extension. Sur son site, le fabriquant s’appuie sur la confiance, élément moteur de l’économie numérique depuis le début de l’internet, pour annoncer ce changement :
« Since “.canon” is a domain name that can only be used by the Canon Group, users of “.canon” sites can be assured that the information they are receiving is reliable. In order to ensure that customers can safely access Canon information beyond the global site, the Company also plans to extend the “.CANON” domain name to other Canon Group sites. (http://global.canon/en/about/dotcanon/) ».
Autre exemple notable, l’extension .LECLERC qui a été utilisée par la marque pour lancer son service de location sous le domaine location.leclerc. Cette extension est assez particulière puisque le distributeur communique depuis des années sur l’enseigne E.LECLERC et le programme de l’ICANN lui a finalement permis d’exploiter pleinement son enseigne sur internet : le domaine e.leclerc redirige vers http://www.e-leclerc.com, et sera probablement utilisé comme adresse principale du site web dans quelques mois.
D’autres structures ont également choisi un .CORP tels que home.barclays, mabanque.bnpparibas ou home.cern, ce qui montre que les extensions de marques suscitent un fort intérêt et pourraient, à terme, aider à la popularisation des nouvelles extensions auprès du grand public.
Citons également quelques exemples d’usage de nouvelles extensions, génériques cette fois :
- Velib.paris
- Abc.xyz (site dédié à la holding de Google : Alphabet). L’enregistrement de ce domaine est la raison principale du succès de cette extension.
- Ebay.car
- coursflorent.education
- london.film
- ism.golf
- algerie.football
- ig.forex
- elle.men
- parliament.scot
- fcbarcelona.soccer
- audacy.space
- valenciaopen.tennis
Plusieurs sociétés utilisent ces domaines enregistrés sous une nouvelle extension pour rediriger leurs visiteurs vers leur site principal, un peu comme un raccourci mais avec un plus fort impact en termes de communication : le .ALSACE, utilisé par plusieurs site de communes (mulhausen.alsace, rothbach.alsace, colmar.alsace), opel.auto, 1664.beer, carlsberg.beer, web.foundation, oxfam.ngo ou disney.tickets par exemple.
Les sites marchands utilisent quant à eux souvent des domaines enregistrés sous une nouvelle extension pour créer un raccourci que l’on pourrait qualifier de « dynamique », c’est-à-dire qui pointe vers les résultats d’une recherche. Cette configuration est notamment utilisée par Amazon pour plusieurs produits, par exemple:
- book.horse redirige vers une page de recherche Amazon destinée aux livres sur les chevaux
- video.support redirige vers une page de recherche Amazon destinée aux dispositifs de home cinema
- deal.tires redirige vers une page de recherche Amazon destinée aux pneus
- amazon.video redirige vers un service de vidéo en ligne fournit par Amazon
Et si les nouvelles extension offrent également un peu d’originalité, (diesel.vin, 007.vodka), elles entraînent aussi malheureusement leur lot de cybersquatting ou d’enregistrements contestables (disneyland.voyage, warner.theater).
Un deuxième tour qui se fait désirer
La question d’un second tour se pose depuis le lancement des nouvelles extensions (et même un peu avant en réalité). Le second tour devrait inciter plus de titulaires de marque à créer leur .CORP (sur le modèle de Canon ou Leclerc), mais le prix sera certainement un élément déterminant (rappelons que le dépôt d’une candidature au premier tour était de 180.000 dollars US).
Les différentes rumeurs repoussant systématiquement l’échéance, et l’ICANN n’ayant communiqué aucune date, il est certain que cela ne devrait pas arriver avant 2018.
Certaines grandes marques ont déjà fait connaitre leur intérêt pour le second tour, notamment Twitter (pour un .CORP mais aussi des extensions génériques), avec toujours comme motivation principale la sécurité. Stephen Coates, le conseil de Twitter, fait cependant savoir que des améliorations dans les mécanismes de protection des droits sont encore nécessaires. Et d’ajouter que selon lui, un deuxième tour devrait distinguer les dossiers .CORP des autres extensions génériques.
Ces derniers mois, l’ICANN a fait un examen du premier tour pour en définir les failles et améliorer les dispositifs pour le second tour. Les deux principaux points examinés étant l’effet des nouvelles extensions sur les consommateurs en termes de choix et de concurrence, et les mécanismes de protection des droits. Certains points remontés à l’ICANN ont trait aux calendriers de lancement, à la durée des phases de Sunrise (uniformiser les sunrise à 60 jours ?), à la TMCH, à la tarification des noms de domaine Premium ou encore à la possibilité pour les registres de réserver des domaines de façon arbitraire pour les remettre sur le marché dans un second temps. Il s’agit en effet de sujets confus et pour lesquels les pratiques ne sont pas harmonisées, et tous les acteurs du marché (que ce soit les registrars ou les titulaires de marques) aimeraient éviter d’avoir à faire face à nouveau aux difficultés rencontrées lors du premier tour.
Enfin, il est envisageable que les systèmes de blocage que proposent certains registres tels que Donuts et sa DPML, se généralisent. Ces dispositifs semblent rencontrer un fort succès pour les titulaires de droits, et l’ICANN a reçu des demandes pour élargir et imposer ces systèmes de blocage à l’ensemble des registres.
Quoi qu’il en soit, si vous avez besoin de conseils sur les dispositifs actuels de protection de vos signes distinctifs ou sur la stratégie à adopter en matière de nouvelles extensions, n’hésitez pas à contacter l’équipe Gandi Corporate !
Tagged in Nom de domaine