La communauté Gandi

Touche pas à mon .ORG !

Pour ceux qui n’avaient pas suivi cette affaire de gros sous et de sombres manipulations de l’autre côté de l’Atlantique, sachez que la 3ème extension la plus vendue et utilisée au monde, le .ORG, était sur le point de changer de main.

Qu’une extension passe d’un registre à un autre, c’est chose relativement courante, notamment depuis la création des nombreuses nouvelles extensions (nommées gTLDs). Toutefois, quand il s’agit de l’extension par excellence des organisations à but non-lucratif et autres ONG, c’est moins courant et ça peut coincer !

Et pour cause : celle-ci aurait été vendue un peu plus d’un milliard de Dollars à un fond d’investissement à la composition floue, comprenant d’anciens membres dirigeants de l’ICANN (l’institution internationale de régulation des noms de domaine) qui avaient, figurez-vous, milité pour la « libération » de cette extension de son gestionnaire historique (Public Interest Registry) en même temps que l’abolition de la règle d’encadrement tarifaire… De là à y voir un conflit d’intérêt avéré, il n’y avait pas long à faire. 

Et c’est ce qui s’est passé dans le monde civil et associatif d’Internet, avec, par exemple le collectif #SaveDotOrg qui a rassemblé la signature de plus de 64 000 personnes et 900 organisations, partout sur la planète, pour pouvoir exposer l’affaire et la porter sous les projecteurs. Même l’Attorney General de Californie, haut lieu de l’Internet mondial, s’est mêlé au drama en fourbissant sa plus belle plume sur une lettre envoyée directement à l’ICANN, pour leur conseiller fortement de réviser leur décision quant à l’approbation sur cette vente.

La célèbre institution de régulation des noms de domaine a officiellement rejeté la demande de vente du .ORG au fond d’investissement Ethos Capital ! 

Gandi, qui s’était insurgé de cette possible vente dès le début, par la voix de son CEO Stephan Ramoin, voit avec un immense plaisir s’éloigner la crainte d’une reprise de PIR par un groupe mettant en premier plan le profit de ses actionnaires plutôt que l’intérêt des organisations représentées, ce qui était le but initial, et correctement respecté depuis plus de 20 ans !

Juste au passage, c’est la potentielle mainmise de la Californie sur l’ICANN, certes pour une bonne cause (mais attention au chevalier blanc et ses intentions dans le futur). Une remise en cause d’une certaine indépendance de la gouvernance d’Internet (certes très inféodée), le constat d’un échec peut être par manque d’équilibre dans les parties prenantes….