Le numérique et la vente directe au secours des agriculteurs pendant la pandémie
La pandémie de Covid-19 a déclenché une riposte sanitaire inédite qui a bouleversé nos existences : les économies ont été mises à rude épreuve au cours des dernières années et nos habitudes ont été profondément changées. L’activité de nombreux producteurs, vitale et peu flexible, a dû se transformer et s’adapter à cette nouvelle donne, grâce notamment aux outils numériques pour mettre en lumière la vente directe.
Cette période difficile va-t-elle déboucher sur un usage plus efficace des technologies à disposition et, à terme, sur de nouvelles pratiques de ventes ?
Différents acteurs, des entreprises comme La Ruche qui dit Oui ! ou des émanations des collectivités locales comme produits-locaux.bzh que Gandi est fier d’accompagner ont su répondre à cette situation particulière et envisager l’après.
Côté producteurs : le numérique pour répondre à l’urgence
Le 12 mars 2020, l’annonce par le Président de la République Emmanuel Macron d’un confinement imminent fait basculer la France dans une situation inédite. Le confinement s’accompagne de la fermeture, entre autres, des écoles, des commerces dits “non-essentiels”, des restaurants, des bars puis des marchés. La grande majorité des éleveurs, cultivateurs, artisans dans le domaine alimentaire doit composer avec ce nouveau contexte et beaucoup, tributaires des restaurants et des marchés et dans l’impossibilité de suspendre leur activité du jour au lendemain, doivent trouver des alternatives d’urgence.
Vendre ses produits en direct en ligne : une réponse à l’asymétrie de l’information
Le début du confinement 2020 est marqué, comme le rappelle un rapport de la Banque Mondiale par le contraste entre des producteurs contraints de jeter des denrées qui n’ont pas trouvé preneur ; et des consommateurs, à quelques centaines de kilomètres de là, qui font face à des pénuries et des files d’attente dans les supermarchés.
Cette asymétrie de l’information prend une tournure tragique pour certains producteurs.
L’organisation de la vente directe du producteur au consommateur
Les producteurs de la filière alimentaire ont eu besoin urgemment de trouver des canaux de distribution alternatifs. Les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), comme La Ruche qui dit Oui , mettent en relation consommateurs et exploitants, qui disposent dès lors d’une grande autonomie pour vendre en direct et en ligne leur produits agricoles.
Au cours de la crise sanitaire, plus de 300 nouveaux producteurs ont rejoint « La Ruche qui dit Oui ! »
La Ruche qui dit Oui ! offre aux producteurs un outil performant et efficace, qui leur permet de fixer leurs prix, de mettre en ligne leurs produits, de préparer leurs commandes plus facilement. On les met en relation avec de nombreux membres, leur offrant des débouchés économiques supplémentaires. Avec la Ruche, les producteurs fixent leurs prix et touchent directement 80% de la valeur de leur production.
Clémence Fernet, Responsable Communication de La Ruche qui dit Oui !
Des initiatives des Collectivités Locales pour favoriser les échanges du producteur au consommateur
D’autres acteurs se sont mobilisés pour mettre en relation producteurs et consommateurs. C’est le cas de la Région Bretagne qui, très rapidement, dès le 6 avril 2020, a lancé produits-locaux.bzh qui regroupe aujourd’hui plus de 1600 producteurs et plus de 60 000 consommateurs. Véritable annuaire des producteurs locaux, le site propose une carte interactive de producteurs et artisans répondant à un certain cahier des charges, précise quels producteurs proposent le retrait ou la livraison des produits et fait vivre cette communauté grâce à un travail éditorial et sur les réseaux sociaux autour du “bien manger en Bretagne” qui n’est pas incompatible avec la vente de produits agricoles en ligne.
Organiser la vie d’une profession grâce au numérique
L’activité des exploitants ne se limite pas à chercher des débouchés pour leurs produits agricoles en ligne. Tous les pans de ces professions de cultivateurs, éleveurs et artisans ont été paralysés par la pandémie de Covid-19. Certains salons agricoles ont opté pour des éditions en ligne exclusivement et les ventes de bétail se sont également parfois faites à distance, avec un dispositif pour les filmer en HD et un système d’enchère en ligne.
Côté consommateurs : le numérique et la vente directe pour s’adapter
Le recours au numérique a permis aux producteurs de mettre en lumière pour tenter de surmonter cette asymétrie d’information. Mais la pandémie et les différents confinements ont également poussé les consommateurs à chercher en ligne des alternatives aux rayons alimentaires de leur supermarché.
Les consommateurs à la recherche de sécurité
La première raison est évidemment liée à l’inquiétude sanitaire : la volonté d’éviter la foule, et les files d’attente, a encouragé les consommateurs à opter plus massivement pour le “click and collect” et plus particulièrement pour le drive fermier. Ainsi, rapporte un article de l’antenne régionale de France 3, certains producteurs locaux disent ne pas avoir pu honorer certaines commandes, tant l’afflux de demandes de paniers s’est accru.
En 2020, le nombre de commandes a triplé dans les Ruches, partout en France. Près de 60 000 nouveaux clients ont commandé pour la première fois dans les Ruches en France, et plus de 80 000 en France et en Europe (sur 250 000 membres).
Clémence Fernet, Responsable Communication de La Ruche qui dit Oui !
Une consommation adaptée au confinement et au télétravail
“Le panier moyen a augmenté de 42%”, constate La Ruche qui dit Oui. La situation si particulière de cette période, le confinement puis le développement du télétravail ont manifestement obligé beaucoup de gens à cuisiner davantage, à y consacrer plus de temps et à mettre plus de revenus dans ce poste de dépense, versus des déjeuners ou dîners au restaurant, qui n’étaient alors plus possible.
En 2022, alors que les mesures sanitaires sont levées, le recours au télétravail reste important, cette propension des travailleurs à davantage cuisiner pourrait donc se confirmer.
Le Covid, accélérateur de bonnes pratiques de vente directe
Des producteurs sur la voie du numérique
Il serait erroné de dire que ces pratiques sont nées avec la crise sanitaire. Les acteurs du monde agricole étaient déjà, depuis plusieurs années, en train d’intégrer les outils numériques dans leur manière de travailler. Ainsi, l’organisation de l’entraide, une pratique qui existe depuis toujours dans ce milieu mais qui est fluidifiée et organisée par de nouveaux outils, comme par exemple l’appli Petits Comptes entre Agris lancée au cours de l’été 2019 qui permet aux membres d’un groupe d’entraide de savoir qui doit quoi.
Plus largement, une étude de 2016 évaluait que 81% des agriculteurs utilisaient au moins une fois par jour Internet dans le cadre de leur activité. Ils étaient alors 33% à utiliser un réseau social pour leur activité. En 2020, ils étaient 68% à avoir sauté le pas des plateformes sociales, jusqu’à faire apparaître, en 2021, le terme “agri-youtubeur” pour désigner ce phénomène. Cette présence accrue en ligne ne répondait pas uniquement à la pandémie et à la recherche de débouchés. Elle traduit davantage un essoufflement d’un système et à la volonté des producteurs de parler de leur métier, de leurs difficultés et de rassurer les consommateurs sur les questions de traçabilité et d’environnement. Cette communication du producteur au consommateur s’accompagne en général d’une concrétisation physique avec de la vente directe à la ferme, des portes ouvertes ou des évènements organisés avec les écoles alentours.
Des consommateurs séduits par la vente directe
Dans les années 2000, alors qu’émergeaient les premières AMAP, un chiffre symbolisait l’absurdité du système de distribution qui avait atteint ses limites : les ingrédients d’un yaourt parcourent plus de 9000 kilomètres avant d’atteindre nos réfrigérateurs. La prise de conscience progressive de l’urgence climatique, les scandales sanitaires et les difficultés économiques des producteurs trop dépendants des grands groupes agroalimentaire ont construit cette volonté de se tourner vers les circuits courts. La crise sanitaire aura donc conforté les consommateurs dans cette volonté de changement.
La crise sanitaire a eu un véritable impact sur les circuits courts. Elle a traduit un vrai désir de mieux manger, qui perdure même en dehors de la crise. En espérant que cela dure malgré l’inflation des prix de l’alimentation à venir !
Clémence Fernet, Responsable Communication de La Ruche qui dit Oui !
Deux ans après les effets drastiques de la pandémie sur l’économie, et alors que les restrictions sont levées dans une grande partie du monde, les solutions qui ont émergé dans l’urgence semblent vouloir se pérenniser. Cette crise a été l’occasion de réaliser un peu plus que les outils numériques permettaient de privilégier la qualité, les circuits courts, la traçabilité et de mieux soutenir les producteurs. On retrouvera peut-être un jour le “monde d’avant”, mais on y achètera désormais nos produits à la ferme.
Si, vous aussi, vous cherchez un moyen efficace de mettre en place une vente directe du producteur au consommateur, découvrez comment renforcer votre présence en ligne avec un site vitrine ou un site e-commerce !
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